Swiss, «une attitude policière» (Edition 2007-28)

La Fédération suisse des agences de voyages (FSAV) exige une discussion rapide avec Swiss afin d’aborder la thématique des amendes en cas de réservations fictives.

Swiss veut réduire rapidement les réservations fictives en mettant à l’amende les agences coutumières du fait. Lorsqu’une réservation a bel et bien été effectuée, que le billet n’a pas été émis et que le passager, de facto, est no-show, un ADM (Agent Debit Memo) de CHF 200.— parviendra à l’agence coupable. Cette mesure sera appliquée dès le 1er août 2007, ainsi que Swiss l’a communiqué il y a quelques jours dans sa Newsletter.

Si la FSAV ne souhaite absolument pas prendre la défense des moutons noirs qui agissent ainsi sciemment et ne respectent pas les règles, elle ne mâche pas ses mots face à la décision de Swiss, à la façon de communiquer ce choix et à l’application de la nouvelle règle. C’est Marcel Hausheer, chef du groupe de travail Trafic aérien, qui le dit. Membre du comité de la FSAV et du même groupe de travail, Claude Luterbacher (TransContinental) abonde dans le même sens: «Une fois de plus, une compagnie aérienne adopte une attitude policière en taxant celui qui ne peut pas se défendre et en imposant un diktat à son plus grand client, en l’occurrence le réseau de distribution. A mon sens, c’est aux compagnies aériennes de mettre en place avec les GDS les applications permettant de contrôler ce genre de dérapages. C’est aussi aux compagnies aériennes d’assurer le suivi des dossiers clients et de s’inquiéter de la situation lorsqu’une réservation effectuée n’a pas été suivie de l’émission du billet.»

Estimant au passage qu’un ADM ne doit pas servir à ce genre d’amendes, Claude Luterbacher ne veut pas déclarer la guerre à Swiss, ni aux autres: «Au contraire, je serais tout à fait favorable à la conclusion d’un gentleman’s agreement avec les compagnies. Les agences sérieuses – elles sont extrêmement nombreuses – ont tout à gagner même si un tel accord ne serait pas gratuit: on doit le négocier ensemble et dans un fair-play total pour aboutir à une vraie win-win situation.»

Et Claude Luterbacher de poser trois questions: qu’en est-il des réservations effectuées par un broker pour une agence qui n’est pas agréée IATA? Quid des doubles réservations qu’effectuent les airlines pour leurs clients directs? Qu’adviendra-t-il des vols aller et retour réservés uniquement pour profiter du meilleur tarif, le passager renonçant de toute façon à son deuxième leg? 

De plus, certaines affaires passées ont clairement démontré que le transporteur national dicte la loi dans son pays; sans attaquer Swiss, le groupe de travail Trafic aérien craint fort que les autres compagnies suivent relativement rapidement l’exemple en matière de no-shows et introduisent des pénalités similaires. Au final, la FSAV estime que Swiss, qui connaît parfaitement les moutons noirs du secteur, ne devrait pas irriter l’ensemble de la branche en utilisant un ADM comme moyen de pression, d’autant que les ADM restent actuellement un sujet délicat.

Dominique Sudan