Tous s’arrachent les cheveux (Edition 2008-05)

Dominique Sudan à propos de l’approche des grands

Ce qui était vrai hier ne l’est plus aujourd’hui et encore moins
demain. Les grands TOs ont changé douze fois leur fusil d’épaule en
quelques années: Last Minute pour gérer leur capacité charter trop
importante, rabais pour réservation anticipée, réduction cash sur les
dossiers en début d’année, rabais pour famille, rabais pour enfants en
fonction de l’âge, rabais en pourcentages minimaux, réduction
individuelle selon les hôtels, prix fixes. Une magnifique salade russe.

Aujourd’hui, les distributeurs ne comprennent plus l’approche des
grands, qu’il s’agisse du traitement des agences agréées ou de la
politique tarifaire. En Suisse romande, Kuoni admet que sa marque bon
marché Helvetic Tours a perdu des parts de marché qu’il convient de
récupérer avec le soutien des agences. Rien de bien nouveau sous le
soleil puisque le discours reste partout le même depuis des lustres.
La complexité des grilles de prix pour l’été donne raison aux grands
TOs: le client n’y comprend strictement rien et aura besoin du conseil
averti de vrais professionnels. Il reviendra donc en agence. Mais
certains retailers s’insurgent: le dépoussiérage de la marque Helvetic
s’accompagne en parallèle d’une approche de la clientèle qui n’avait
jamais été aussi directe.

A l’image de certains outils uniquement destinés à la vente directe
(Easy, par exemple), Helvetic Tours version 2008 met en évidence son
site Internet sur les 410 pages que compte son nouveau catalogue de
vacances balnéaires, affiche clairement les coordonnées de son Call
Center et ouvre sa centrale de réservation le dimanche lorsqu’un
(important) flyer est encarté dans le seul journal dominical de Suisse
romande. D’un côté on souhaite refaire son retard en termes de parts de
marché, de l’autre on pousse clairement la vente directe alors que le
client final est perdu dans la jungle tarifaire.

L’an passé, Kuoni avait déjà pris les devants en «autorisant» sa
filiale Frantour à se lancer tardivement dans le segment balnéaire au
moyen du nouveau produit Les Sables censé compenser les pertes
occasionnées chez Helvetic. Cette année, on tient deux discours devant
les agents de voyages. A ce jeu-là, des producteurs moins complexes
dans leur approche pourraient tirer leur épingle du jeu. Ils sont
légion à avoir un système plus simple pour le client et l’agent de
voyages et il n’est pas à exclure que des produits comme Les Sables de
Frantour entrant dans le même modèle de commissionnement, des M-Travel
et des producteurs romands de plus petite taille séduisent cette
fameuse clientèle familiale importantissime en été. Car même avec CETS,
l’uniformité tarifaire n’est plus là et le travail administratif du
distributeur s’en trouve alourdi.