Allemagne: les orientations du tourisme post-pandémie

Sans surprise, le nouveau mot-clé des tenants du voyage est «durabilité». Blanchiment écologique? Le point après le Brand Summit de Lubeck.
Petra Hedorfer, DZT.

Le dernier Incoming and Brand Summit dédié au tourisme germanique vient de se tenir à Lübeck; l’occasion, pour l‘Allemagne, de manifester un satisfecit confirmé par les statistiques. Selon Petra Hedorfer, à la tête de l’Office national du tourisme, la reprise du secteur est en bonne voie après le choc du Covid-19: 83,6% de récupération depuis 2019. Le pays se situe en troisième position derrière la France et l’Espagne – respectivement – au classement 2022 des destinations européennes les plus populaires.  

Effervescence juvénile à Lübeck. ©BP

A relever l’engouement des nouvelles générations pour cette partie de l’Europe. Manifestement sensibles à sa politique environnementale, les jeunes constituent actuellement un tiers des visiteurs. Les autres atouts germaniques sont le patrimoine architectural, les manifestations de la culture contemporaine et l’effervescence des grandes villes (on songe à Berlin ou Hambourg). Le défi: encourager des séjours plus longs, donc mieux orientés vers la durabilité (ndlr: et les retombées économiques!).

Le défi des transports

 A l’évidence, l’un des défis écologiques les plus prégnants relève des transports. Comment améliorer le bilan des compagnies aériennes dans la foulée de la «honte de prendre l’avion»? Alexander Tolweth – communiquant de Lufthansa – met en avant le recours aux nouveaux carburants, tout en redoutant que leur surcoût, forcément répercuté sur les tarifs, s’avère rédhibitoire pour la clientèle.

Une part non-négligeable des voyageurs se tourne vers le rail. Max-Christian Lange, de Deutsche Bahn, évoque le succès des trains de nuit. Il relève les efforts entrepris pour l’amélioration du réseau et les actuelles promotions (billet général à 49 euros sur les lignes secondaires). Une réflexion commune réunit les tenants de l’aérien et du ferroviaire pour améliorer leur compatibilité.

Un focus sur la vallée de la Ruhr – région industrielle longtemps réduite aux charbonnages et à la métallurgique – peut contribuer à pourfendre les idées reçues. Autour de Dortmund, les anciennes mines deviennent lieux de mémoire et de culture. Les noirs terrils se couvrent de végétation, et la faune retrouve son biotope, au grand bonheur des randonneurs.

Autre réussite: la création d’un immense quartier écologique sur les terrains vagues de l’ancienne zone portuaire hambourgeoise.

HafenCity, à Hambourg.

Un contre-exemple? Europa-Park, où la durée des séjours s’avère inversement proportionnelle à la consommation énergétique. «Oui, mais la nouvelle génération des propriétaires est consciente des enjeux; elle annonce des améliorations», argumente Petra Hedorfer. Et de citer l’investissement du parc dans une installation photovoltaïque de 20 hectares à Kippenheim, près de Lahr. Des solutions de stockage efficaces vont accroître le recours au solaire, à moyen terme.

(Bernard Pichon, Lübeck)