«Finalement, le Covid profitera par la suite aux agences…» 

SÉRIE: les professionnels romands face à la situation actuelle et aux défis futurs – Florence Inäbnit et Jacqueline Ulrich, co-directrices de L’Esprit du Voyage, à Fribourg.
L'Esprit du Voyage, Fribourg
Florence Inäbnit et Jacqueline Ulrich, L'Esprit du Voyage. Photo: TI

Comment fonctionne l’équipe de L’Esprit du Voyage depuis le début de la pandémie?

En un clin d’œil, un méchant petit virus invisible à l’œil nu et venu semé la terreur et la zizanie dans le monde depuis maintenant plus d’une année. L’épidémie devenue pandémie de Covid-19 a modifié pratiquement du jour au lendemain nos habitudes de travail et tout n’est que luttes, palabres, négociations, rien n’est facile. Nous sommes toujours présents et avons la volonté d’aller de l’avant même si notre team a été réduit par des départs.

Jusqu’à il y a environ deux semaines, le peu de dossiers réalisés étaient souvent finalisés par la déception d’un «rebooking» ou d’une annulation suite aux différentes décision de OFSP. A ce jour nous avons une petite lueur d’espoir suite à la dernière conférence de presse…

Quels ont été les plus gros défis à relever depuis mars 2020?

Comme chez tous nos collègues, les défis ont été immenses. La simple gestion des dossiers courants a été un énorme travail, il a fallu non seulement rassurer les clients mais aussi le personnel, demander les aides proposées par la Confédération, mettre à jour les budgets et négocier des réductions de loyer etc. Il a aussi fallu, dans un temps record, trouver les bonnes informations pour chaque situation. Cela reste encore aujourd’hui un vrai défi tant les informations changent rapidement.

Il y a peut-être là, un travail à faire afin qu’une base de données mondiale et uniforme puisse voir le jour, où les professionnels pourraient puiser les informations relatives au voyage (formalités d’entrée, sanitaires, vaccinales etc.) Tout au début de la pandémie, ce manque d’informations a fait cruellement défaut.

C’est peut-être là, également une carte à jouer pour les agences de voyages: mettre en avant leurs nombreuses compétences, non seulement sur les produits qu’elles proposent, mais aussi en transmettant des informations de qualité. Nous pensons qu’il est indispensable à notre branche d’implémenter au niveau suisse, la volonté d’encaisser pour tout conseil des frais de dossier ou honoraires de conseil.

Les agences de voyage indépendantes ont eu à jongler avec les lourdeurs administratives, en s’improvisant secrétaire, juriste ou autre. Heureusement, elles ont été épaulées par les associations cantonales romandes et par le biais de TPA: toutes ont abattu un travail considérable et nous tenons à les remercier des efforts consentis.

La pandémie aura également convaincu bon nombre d’agents de voyages à changer de voie; plus de 12 mois sans aucune vente et sans réel contact avec la clientèle avec des salaires basés sur les RHT, cela aura suffi à démoraliser les troupes.

Avez-continué d’animer le marché et de quelle manière?

Comme la plupart des agences indépendantes, nous n’avons pas de département marketing, et il n’est pas toujours simple dans la tourmente de trouver du temps pour créer un plan marketing à la relance du marché. Toutefois, nous travaillons avec les offres proposées pas nos partenaires et restons bien informés sur les formalités de voyage dans les différents pays.

Observez-vous un retour de la demande chez vos clients?

La très mauvaise météo de ce printemps influence certainement la décision de nos clients de s’offrir une bouffée d’air frais même s’il faut respecter les contraintes du voyage en période de Covid.

Une reprise se fait sentir depuis le début du mois de mai et, surtout, depuis la dernière conférence du Conseil fédéral qui facilite les déplacements à l’étranger. Nous espérons également que le certificat vaccinal ouvrira encore plus d’échappatoires et qu’une vraie reprise soit devant nous.

Quels sont les changements de comportement de la clientèle?

Les clients se sentent rassurés de passer par une agence de voyages car ils ne trouvent pas personnellement les informations nécessaires à leur voyage, ou alors des informations contradictoires. On ressent un retour de la clientèle «Internet», les gens préférant partir en sécurité et surtout ne plus être confrontés aux lenteurs administratives des prestataires de service en matière de remboursement. Finalement, le Covid-19 profitera par la suite aux agences…

(DS)