Les marques spécialisées dans le segment ferroviaire feront bientôt cause commune en Suisse romande: dès le début 2008, les quatorze collaborateurs quoccupe Railtour à Lausanne rejoindront leurs collègues de Frantour à Genève. Une décision stratégique qui ne manque pas détonner puisque la gare de Cornavin fera bientôt lobjet dimportants travaux qui obligeront Frantour à trouver de nouveaux locaux à moyen terme.
«Cette décision nest pas liée à la domiciliation de Frantour. Lemplacement des Call Centers revêt aujourdhui peu dimportance pour le réseau; leur efficacité est un atout majeur. La planification actuelle des travaux à Cornavin, en particulier laile où réside Frantour, nous laisse une grande marge de manuvre puisque lon parle désormais de lhorizon 2010», commente Guy Schoenenberger, directeur de Frantour.
Si les deux marques ont décidé de faire le pas, cest par pur souci économique: «Les deux filiales de Kuoni veulent réduire les coûts. La rationalisation du secteur back-office le permettra, comme elle maintiendra un haut niveau de qualité de service», poursuit Guy Schoenenberger.
Certes, mais limage des concurrents de jadis, désormais réunis au sein de la famille Kuoni, risquent fort dêtre diluée suite à ce rapprochement physique: «Nos deux marques sont clairement positionnées sur le marché; elles sont aussi différentes. Railtour est connu pour certaines spécialités (la Suisse, les trains alpins, les trains daventure, le segment lifestyle ou les week-ends en amoureux) alors que Frantour sest fait un nom dans dautres domaines (France, Corse, Italie et produit Les sables)», estime Werner Schindler, directeur de Railtour.
«Et notre identité nest nullement menacée: les deux marques doivent rester des marques fortes et, pour atteindre ce but, il est impératif de conserver une organisation individuelle spécifique», poursuit Werner Schindler. Mais Railtour se doit-il vraiment de maintenir une antenne en Suisse romande? «Oui, car 20% de notre chiffre daffaires est réalisé ici. Labsence dune centrale de réservation en Suisse romande menacerait ces chiffres. Et nous devons rester proches de ce marché dont les spécificités ne sont plus à démontrer», lance le directeur de Railtour.
Contrairement à lépoque précédente où les anciens directeurs généraux des deux TOs se regardaient en chiens de faïence, les patrons actuels dont les entreprises ont été reprises par Kuoni préfèrent parler de synergies: «Cette mesure de rationalisation en est lexemple parfait», analyse Guy Schoenenberger. Quant à son homologue de Railtour, il met en avant lutilisation plus efficace de linfrastructure en général, le benchmarking et le développement commun dans le secteur IT. «Les deux marques conservent leur spécificité et leur positionnement; elles restent indépendantes dans le choix et la programmation des destinations», estime Guy Schoenenberger. Mais il est clair que lidentité des deux entreprises joue un rôle dans le choix du client.
Dominique Sudan
«Lun ne cannibalise pas lautre»
Depuis deux ans environ, Frantour et Railtour sont détenus par Kuoni. Peinant à définir les synergies exploitables, daucuns prédisaient alors que lun cannibaliserait rapidement lautre. «ça na nullement été le cas. Railtour a connu une baisse de régime au printemps pendant le changement du software principal mais le niveau des ventes a été rattrapé entre-temps», explique Werner Schindler. Pas de «cannibalisme» non plus chez Frantour où Guy Schoenenberger parle plutôt de saine concurrence: «En restant clairement concurrents dans les domaines de la production, du marketing et du service aux agences, Railtour et Frantour ne se nuisent pas.»
DS