On joue sur les mots (Edition 2008-03)

Dominique sudan à propos de Migros Travel Switzerland

La mise en place de la nouvelle organisation réunissant les activités
en Suisse d’Hotelplan et de Travelhouse reste une bombe à retardement.
Hotelplan Group refuse d’utiliser le vocable «réorganisation» alors que
c’en est une. Simple problème de terminologie, que l’on se trouve à
l’extérieur ou à l’intérieur de l’entreprise. L’important est que
Migros Travel Switzerland aspire au leadership sur le marché suisse. Si
possible avant deux ans. C’est pour cette raison que le calendrier
établi entre aujourd’hui et la mise en place de l’organisation globale
et du nouveau concept global de la nouvelle entité est extrêmement
serré. D’ici août, tout doit être sous toit.

Or, Hotelplan et Travelhouse ont été réunis sous cette nouvelle
appellation générique en raison de nombreuses faiblesses: problèmes
informatiques chez Travelhouse, conflits d’intérêts en Suisse, pression
d’outre-Rhin (TUI, 1-2-Fly, Aldi) et de Suisse (Vögele, ITS Coop,
Direct Voyages) dans le segment bon marché, forces diluées sur certains
marchés, synergies marketing mal exploitées alors que le groupe compte
un impressionnant réseau de centres commerciaux avec Migros, Globus et
Denner.

Les mesures qui seront prises rapidement par une nouvelle direction qui
devra d’abord être acceptée au siège d’Hotelplan seront drastiques.
Car, fatalement, les produits Hotelplan et Travelhouse se chevauchent à
maints endroits. Et Migros Travel Switzerland parle en premier lieu de
«net positionnement» de toutes les marques et raisons sociales. Il y
aura donc des mesures impopulaires qui n’auront rien à voir avec des
départs naturels. Et ce, pour plusieurs raisons.

En premier lieu, le trio très soudé Stirnimann/Brüllhardt/ Luna devra
se fondre dans l’environnement de son ancien «ennemi numéro 1». Et là,
des décennies Kuoni laisseront des traces. Ensuite, la conception des
produits et l’infrastructure devront être analysées de près. Là aussi,
l’élément humain restera central, dans le Tour Operating en tout cas.
Enfin, Migros Travel Switzerland veut construire sur du solide et à
long terme pour être rentable. Là, le
fameux vocable «réorganisation» est le mieux approprié.

Pour l’ancien management d’Hotelplan Suisse, il s’agit presque d’un
constat d’échec puisque la direction du groupe a dû chercher ailleurs
les forces vives qu’elle estimait ne pas avoir chez elle. Ce seul
sentiment suffit à affirmer que les six prochains mois seront chauds du
côté de Glattbrugg: d’une part parce que les résultats de Travelhouse
et Hotelplan Suisse ne sont pas ce qu’ils devraient être et, d’autre
part, parce que l’adaptation partielle du contenu se traduira de toute
façon par certaines coupes qui toucheront d’abord le personnel. Et même
la segmentation définie (Budget, Value, Premium/Specialist) ne garantit
pas la survie de toutes les marques concernées, même entre deux piliers
distincts. S’il ne s’agit pas de «réorganisation», ça y ressemble
étrangement.