Railtour et Frantour à Genève (Edition 2007-40)

Le 1er janvier 2008, les deux filiales de Kuoni Suisse vivront sous un même toit à la gare de Genève-Cornavin.

Les marques spécialisées dans le segment ferroviaire feront bientôt cause commune en Suisse romande: dès le début 2008, les quatorze collaborateurs qu’occupe Railtour à Lausanne rejoindront leurs collègues de Frantour à Genève. Une décision stratégique qui ne manque pas d’étonner puisque la gare de Cornavin fera bientôt l’objet d’importants travaux qui obligeront Frantour à trouver de nouveaux locaux à moyen terme.

«Cette décision n’est pas liée à la domiciliation de Frantour. L’emplacement des Call Centers revêt aujourd’hui peu d’importance pour le réseau; leur efficacité est un atout majeur. La planification actuelle des travaux à Cornavin, en particulier l’aile où réside Frantour, nous laisse une grande marge de manœuvre puisque l’on parle désormais de l’horizon 2010», commente Guy Schoenenberger, directeur de Frantour.
Si les deux marques ont décidé de faire le pas, c’est par pur souci économique: «Les deux filiales de Kuoni veulent réduire les coûts. La rationalisation du secteur back-office le permettra, comme elle maintiendra un haut niveau de qualité de service», poursuit Guy Schoenenberger.

Certes, mais l’image des concurrents de jadis, désormais réunis au sein de la famille Kuoni, risquent fort d’être diluée suite à ce rapprochement physique: «Nos deux marques sont clairement positionnées sur le marché; elles sont aussi différentes. Railtour est connu pour certaines spécialités (la Suisse, les trains alpins, les trains d’aventure, le segment lifestyle ou les week-ends en amoureux) alors que Frantour s’est fait un nom dans d’autres domaines (France, Corse, Italie et produit Les sables)», estime Werner Schindler, directeur de Railtour.

«Et notre identité n’est nullement menacée: les deux marques doivent rester des marques fortes et, pour atteindre ce but, il est impératif de conserver une organisation individuelle spécifique», poursuit Werner Schindler. Mais Railtour se doit-il vraiment de maintenir une antenne en Suisse romande? «Oui, car 20% de notre chiffre d’affaires est réalisé ici. L’absence d’une centrale de réservation en Suisse romande menacerait ces chiffres. Et nous devons rester proches de ce marché dont les spécificités ne sont plus à démontrer», lance le directeur de Railtour.

Contrairement à l’époque précédente où les anciens directeurs généraux des deux TOs se regardaient en chiens de faïence, les patrons actuels dont les entreprises ont été reprises par Kuoni préfèrent parler de synergies: «Cette mesure de rationalisation en est l’exemple parfait», analyse Guy Schoenenberger. Quant à son homologue de Railtour, il met en avant l’utilisation plus efficace de l’infrastructure en général, le benchmarking et le développement commun dans le secteur IT. «Les deux marques conservent leur spécificité et leur positionnement; elles restent indépendantes dans le choix et la programmation des destinations», estime Guy Schoenenberger. Mais il est clair que l’identité des deux entreprises joue un rôle dans le choix du client.

Dominique Sudan

«L’un ne cannibalise pas l’autre»

Depuis deux ans environ, Frantour et Railtour sont détenus par Kuoni. Peinant à définir les synergies exploitables, d’aucuns prédisaient alors que l’un cannibaliserait rapidement l’autre. «ça n’a nullement été le cas. Railtour a connu une baisse de régime au printemps pendant le changement du software principal mais le niveau des ventes a été rattrapé entre-temps», explique Werner Schindler. Pas de «cannibalisme» non plus chez Frantour où Guy Schoenenberger parle plutôt de saine concurrence: «En restant clairement concurrents dans les domaines de la production, du marketing et du service aux agences, Railtour et Frantour ne se nuisent pas.»   

DS